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Le Père
Noël est au régime
A force de
manger un morceau de bûche de Noël chez les uns,quelques chocolats chez les
autres,le Père Noël est devenu si dodu qu’il a du mal à entrer dans son bel
habit rouge. Mais il n’est pas trop inquiet car tout le monde l’aime comme
ça : les enfants, les grands-pères, les mamans, les grands-mères et les
papas … Mais une
nuit de Noël, alors qu’il avait encore grossi, voilà que le Père Noël reste
coincé dans un tuyau de cheminée en faisant sa distribution de jouets. Il
n’ose pas appeler, il a peur de réveiller les enfants. Il ne sait vraiment
plus quoi faire… Soudain,
il aperçoit une petite sorcière debout sur le toit et qui le regarde d’un air
narquois. Il lui crie : « Au lieu
de te moquer de moi, tu ne pourrais
pas m’aider à sortir de là ? D’accord !
dit la petite sorcière. Mais à une condition : promets de te mettre au
régime pour le restant de l’année. » Le Père
Noël a tellement hâte de sortir de ce tuyau de cheminée qu’il est prêt à
promettre n’importe quoi. Il ne mangera plus de chocolat. Il ne se gavera plus
de gâteaux. Il les émiettera pour les oiseaux… Bref, il
est bien décidé à se priver de tout ce qu’il aime pourvu qu’il puisse
continuer sa tournée. La petite
sorcière sourit d’un air malin, puis elle dit : « Gros-tas-kadabra…Gras-ton-de –jambom…Bouffi-de-soufflé…Sors
immédiatement de ta cheminée. » Et, le Père Noël tout léger, s’envole
comme si rien ne s’était passé. Lorsque
les fêtes de fin d’année sont achevées, il rentre chez lui pour se reposer. Il
met sa vieille robe de chambre, enfile ses pantoufles préférées et se prépare
une bonne tasse de thé. Puis il se dit que, dans son thé, il tremperait bien
quelques biscuits…Il s’apprête à grignoter de bon appétit lorsque la petite
sorcière apparaît : « C’est
comme ça que tu tiens tes promesses, espèce de gros polochon plein de
graisse ? » Le Père
Noël est plutôt vexé, mais il n’ose pas protester et il accepte de goûter le
repas que la petite sorcière lui a apporté. Au menu
il y a : des artichauts à la bave de crapaud, des beignets de cafard aux
épinards et, en guise de dessert, quelques crottes de vipères. Ce n’est guère
appétissant, mais le Père Noël fait tout de même semblant de trouver ça bon,
car la petite sorcière le surveille d’un air sévère. Désormais, chaque jour à
midi, et chaque soir elle revient lui
apporter les seuls menus qu’il doit manger. Ensuite
elle décide qu’il doit faire du sport afin de devenir plus musclé. Le pauvre
Père Noël doit sauter à la corde devant elle. Elle l’oblige, chaque matin, à
faire quinze kilomètres de course à pied… Au bout
de quelques mois de ce régime-là, le Père Noël a tellement maigri qu’il est
tout sec et tout rabougri. Son habit, qui paraissait trop petit, semble tout
flottant… Le Père
Noël est si pâlichon, si menu, si gringalet qu’il ne peut presque plus porter
sa lourde hotte chargée de paquets. Le soir de Noël, quand il se glisse dans
sa première cheminée, le poids des jouets l’ entraîne
et… le voilà qui tombe au milieu des cendres du feu éteint ! Le bruit
réveille toute la maison. Tout le
monde s’étonne de trouver un Père Noël aussi gris et aussi riquiqui qu’une
misérable petite souris. La maman lui propose de prendre une douche pendant
que la grand-mère lui prépare un grand bol de chocolat chaud et que papa lui
confectionne un énorme sandwich au camembert. Mais le Père Noël a tellement
peur de voir surgir la terrible
sorcière qu’il refuse et se sauve par la porte de derrière. Dans la
maison suivante, le pauvre Père Noël manque de se faire dévorer par un chien bien
plus costaud que lui. Et, dans la maison d’après, il échappe de justesse à un
piège à souris… Enfin, en
entrant dans une maisonnette, au creux d’une jolie clairière, il reste muet
de colère : devant lui, assemblées autour d’une longue table chargée de
bons rôtis, de fromages et de pâtisseries, s’amuse une ribambelle de petites
sorcières aussi gourmandes que délurées. Parmi elles se trouve celle qui a
mis le Père Noël au régime. Le Père Noël devient alors aussi rouge que son
habit et dit : « Grincha-kadabra !
Chipies-Kidibri ! Je vais vous mettre au
régime aussi… » Et il
dévore à belles dents toutes les bonnes choses qui se trouvent sur la table.
Lorsqu’il s’est bien régalé, il se lisse la barbe avant de
grogner : « Je prendrais bien un dessert supplémentaire…Pourquoi
pas une compote de petites sorcières ? » Alors, toutes les petites
sorcières, effrayées, se sauvent dans la forêt. Ce
soir-là, le Père Noël n’a aucun mal à continuer sa tournée et à entrer dans
les maisons par le tuyau de la cheminée, car il a beaucoup minci !
Partout il est bien accueilli. Les enfants et les grands-mères, les mamans et
les grands-pères, ainsi que tous les papas, lui offrent des chocolats et des
morceaux de gâteaux. Mais,
pour ne pas redevenir gros, le Père Noël s’arrête quand il faut. Claude Clément
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